mercredi 18 octobre 2017

#METOO OU COMMENT LES FEMMES EXPRIMENT CE QU'ELLES ONT TOUJOURS TU


Alors que nous sommes un blog porté par trois soeurs et donc trois femmes, il nous aurait été difficile de faire abstraction du phénomène qui s'empare des réseaux sociaux depuis que l'affaire Weinstein a éclaté...
Inutile de vous rappeler en détails les faits: un homme qui a abusé de son autorité et de son pouvoir pour harceler ou agresser des femmes.

Un phénomène tristement banal et, justement, parce qu'à tort, il a été considéré depuis trop longtemps comme ordinaire, de nombreuses femmes ont décidé de raconter ou du moins d'exprimer par un simple hashtag qu'elles aussi, ça leur était arrivé...Et de là, de voir émerger un phénomène considérable, libérateur et déconcertant à la fois.

Avec #metoo, lancé la semaine dernière par l'actrice Alyssa Milano sur Twitter, dix après l'activiste Tarana Burke, des milliers de femmes ont trouvé le moyen de libérer la parole, pour certaines, se sentir moins seules pour d'autres.
Ce "moi aussi" mondial met le doigt sur tant de moments de vie qu'on a voulu occulter, oublier, nier...parce qu'on se disait que ça ne devait pas être si grave et au pire, normal.
Cet homme qui a ouvert son imper devant nous dans une ruelle silencieuse à l'adolescence, ces mains aux fesses, ce frotteur au souffle haletant dans le métro, ces "Eh, tu su..."?...
Ca fait partie du quotidien, non? Pas de quoi fouetter un chat, si?
Et puis, ces instants qui sont un peu plus imprégnés dans la mémoire: ce professeur de droit qui en me faisant passer un oral m'a déclaré qu'il se faisait une joie de me mettre une mauvaise note pour le plaisir de me revoir en septembre parce que j'étais vraiment trop charmante: il l'a fait, je ne suis pas allée aux rattrapages et j'ai arrêté le droit... Ce policier alors que j'avais quatorze ans qui m'a barré la route avec un collègue en plein après-midi et m'a demandé où j'allais "jolie comme ça". Il m'a demandé si j'avais un petit ami tout en me tenant le bras, que j'étais belle, que mon t-shirt était mignon et moi, de trembler comme une feuille et de prier tout bas qu'il ne m'emmène pas dans sa camionnette garée devant nous. Son collègue au bout de cinq longues minutes lui a demandé de me laisser partir,  "tu vois bien que tu lui fais peur à la petite"... Le policier m'a lâchée tout en me disant "mais non... hein que je te faisais pas peur...". Il y a eu ces hommes à l'hotel de ventes Drouot quand j'étais stagiaire dans une maison de ventes qui me complimentaient sur mes jupes courtes et me disaient que décidément "ils savent les choisir leurs stagiaires..." 
Etc, etc...
D'autres événements plus graves ou plus légers...
Jusque maintenant je n'en avais jamais vraiment fait état, c'étaient des anecdotes de soirées alcoolisées, des trucs dont je rigolais même. 
Et puis, ce mouvement de femmes m'a donné un outil, une sorte de concept libérateur, un mot-clé sous lequel mettre toutes ces choses multiples et complexes que l'on peine toujours à nommer.
Alors oui, ces mouvements #metoo ou #balancetonporc et les autres, sont aussi problématiques car une fois encore, ils font porter le fardeau de leur agression aux victimes. C'est aux femmes de s'avancer encore une fois dans l'arène pour dire tout haut ce que souvent elles préfèrent garder tout bas, enfouies en elles, honteuses et apeurées. 
Une fois encore le coup de projecteur est sur les victimes et non les coupables, ce sont elles qui remplissent les tristes statistiques et non pas eux...

Et pourtant aussi épineuse soit-elle, cette démarche a du bon parce qu'elle écrit une histoire, une histoire composite et globale (évidemment, nous on a de la chance de pouvoir rejoindre ce mouvement alors que tant de pays oppriment violemment les femmes et les filles), une histoire des femmes qui se tiennent par la main et se réunissent, solidaires et bienveillantes. 

Et, avis aux garçons, tout ceci prendra plus de poids si vous aussi vous prenez vos responsabilités. Si on veut qu'il y ait un véritable après "metoo", il faut que vous aussi vous agissiez!

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